En 1940, Marcel LANQUETIN est Préfet de la Drôme à Valence.
La débâcle de 1940 arrive avec l’armistice. Seuls, le préfet et le maire de Valence restent à leur poste. Le préfet de Macon resté à son poste est fait prisonnier par les Allemands qui descendent ensuite la vallée du Rhône. Ils s’arrêtent à Bourg-les-Valence là où l’Isère rejoint le Rhône. Marcel LANQUETIN attend les instructions alors que les armées françaises sont déjà à Avignon, plus au sud.
Marcel LANQUETIN et la Résistance
Le 10 juillet 1940, les pleins pouvoirs au Maréchal PETAIN sont votés dans l’affolement par quelques députés apeurés.
D’autres rejoignent Bordeaux et embarquent sur le Massilia. Ce bateau, après des aventures de toutes sortes, arrive à Casablanca. Le Directeur de la Sécurité au Maroc les accueille : c’est Georges FOURNERET, l’ami d’enfance de Marcel LANQUETIN ! Son fils Pierre FOURNERET éditera un livre sur cette page de l’Histoire de France.
Mais il fallait vivre avec deux enfants. Les liaisons avec Pontarlier étaient impossibles ; Pontarlier était en zone déclarée interdite par les Allemands. De nombreux amis se manifestèrent avant que Marcel soit nommé Directeur régional de la Santé à Orléans en 1940. Ce n’était évidemment pas une promotion pour un préfet, mais cela permettait de vivre et d’être un peu oublié. La France était alors coupée en deux zones, la zone sud étant dite zone libre bien que sous l’autorité du régime de Vichy.
En 1941, on part cependant pour Toulouse située dans cette zone dite libre car Marcel LANQUETIN est nommé directeur de l’hôpital psychiatrique Marchand (appelé aussi Braqueville !) à Toulouse. Les Allemands l’occupèrent en 1942... En 1943, Marcel est nommé Directeur de l’hôpital psychiatrique de Bron-Vinatier à Lyon : ça rapprochait de Pontarlier.
Marcel LANQUETIN, avec la complicité des médecins et de malades, hébergeait dans l’hôpital des personnes recherchées, résistants, juifs allemands, blessés. Les blessés sont parfois soignés dans un hôpital situé en Ardèche et dépendant de l’hôpital de Bron en contact avec le Réseau de Résistance Gallia. Ces activités dans la Résistance, très risquées, furent récompensées à la Libération par la Médaille de la Résistance.
Fin 1943, on partit pour Lyon, mon père étant nommé directeur de l’hôpital psychiatrique de Bron-Vinatier. Avec la complicité des médecins et de certains employés, on hébergeait des faux malades : résistants et personnes recherchées. Et aussi avec la complicité d’employés de la Préfecture qui établissaient les faux papiers. L’un d’eux, Jean SOUVRAZ, chef de bureau, remplissait cette fonction risquée et faisait partie du Réseau GALIA dans le Lyon occupé où sévissait le milicien TOUVIER et ses sbires. Un hôpital de l’Ardèche (Privat) dépendait de l’hôpital du Vinatier et soignait aussi des résistants blessés.
Pour ces actions, avec les attestations du Réseau GALIA, mon père reçut la Médaille de la Résistance.
En juillet 1940, après que Pétain eut reçu les pleins pouvoirs votés par des députés sous le coup de la déroute militaire, Marcel LANQUETIN reçu de ce nouveau régime antisémite de Droite, un courrier lui demandant d’attester sur l’honneur de « n’être ni juif ni franc-maçon ». Il ne put le faire et en parle à ma sœur Marcelle qui me le raconta beaucoup plus tard. Il fut donc révoqué par retour de courrier... Des attestations en sa faveur dont celles du maire de Valence, de l’évêque et de nombreux maires et élus lui parvinrent.
Tous deux révoqués par le régime de Vichy en août 1940, Georges FOURNERET et Marcel LANQUETIN furent en plus dénoncés au journal pétainiste « Le Pilori » par le notaire collaborateur de Pontarlier, comme étant l’un, « le sauveur de Léon BLUM » et l'autre, franc-maçon et socialiste (courrier du 5 avril 1941). Ce notaire dénonçait aussi d’autres Français dont le maire de Pontarlier ROBBE. Trois moururent en déportation dont FOURNERET à Mauthausen. À la Libération, le notaire collaborateur fut poursuivi et condamné à six mois d’interdiction d’exercer sa profession ! douce France…
















Georges FOURNERET et Louis DUPIECH sont deux préfets morts en déportation, amis de Marcel LANQUETIN. Les préfets déportés du régime de Vichy ont fait l'objet d'un rapport de recherches de Jean-Claude BARBIER, CNRS, 2016 : "Les préfets déportés".
Un décret pris en novembre 1943 à Londres lui avait été remis à Toulouse, le nommant préfet de l’Ain pour prendre ses fonctions à la Libération qui ne faisait plus de doute. Mais le chef de la Résistance locale avait trouvé que la place lui revenait et mon père rentra le soir même à Lyon...
En août 1944, après contact avec le Gouvernement provisoire de la Quatrième République, il part alors pour Orléans et Marcel LANQUETIN en fut le préfet de la Libération.
Sources externes :
Page Wikipédia : Wikipasdecalais.fr
"Les Préfets du Pas-de-Calais", Jean-Marc Dissaux, 1996, page 33, publié par les Archives départementales du Pas-de-Calais.
Dossier de Légion d'honneur : Ministère de la Culture
"Le retour à la légalité républicaine pour les Juifs dans le département du Nord", Monique Heddebaut, Tsafon, OpenEdition Journals
Site de Georges Fourneret, Préfet, résistant, déporté
Vidéo de la Fête de la Victoire à Orléans le 8 mai 1945 réalisée par Pierre Villiaume : memoireciclic.fr
Site du Réseau Gallia
Page Wikidata
Thèse de doctorat de Marcel Lanquetin : BNF Data, BNF Catalogue général
Les Préfets du Pas-de-Calais, Préfecture du Pas-de-Calais
Les Préfets de la Drôme, Préfecture de la Drôme
Rapport de recherches de Jean-Claude BARBIER, CNRS, 2016 : "Les préfets déportés"
Parcours professionnel de Marcel Lanquetin : archives nationales




Le 23 décembre 1946, Marcel LANQUETIN, Préfet du Nord, demande que tous les documents discriminant les Juifs soient détruits.


Il fut décoré de la Légion d'honneur en 1934, 1947 et 1952.
Le 26 octobre 1944, le journal La Bourgogne annonce, dans sa rubrique Mouvement préfectoral, la nomination de Marcel LANQUETIN comme préfet du Loiret (Orléans) et la mise à disposition de Maurice Papon ...


Il apparait dans la première minute de la vidéo réalisée par Pierre VILLIAUME, cinéaste reporter, le 8 mai 1945 lors de la Fête de la Victoire à Orléans (Loiret).


Contact : glanquetin@nordnet.fr